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Les aléas sismiques en Birmanie

La Birmanie étant en pleine mutation économique, on assiste à une prise de conscience des dangers que représentent les séismes et autres catastrophes naturelles. Le pays commence donc à mettre en place des dispositifs afin d’apporter des réponses adaptées à ce type de problèmes.

La Birmanie se trouve à cheval sur trois plaques tectoniques. On retrouve la plaque indienne à l’ouest, qui remonte vers l’Himalaya à la vitesse de six centimètres par an. Au nord et à l’est du pays, se situe la plaque eurasiatique qui se déplace vers le nord-ouest à une vitesse de 0,6 centimètres par an. Enfin en Birmanie, s’étalant vers le sud, se trouve la plaque birmane, qui en fait un prolongement de la plaque eurasiatique. Elle se déplace vers le nord à une vitesse de 4,6 centimètres par an. Le pays est également traversé par la faille de Sagaing, qui marque la limite entre les plaques indienne et eurasiatique. Cette situation, à la croisée de trois plaques tectoniques, place elle pays sur la ceinture de feu du Pacifique. C’est à dire une immense chaîne de volcans et de failles de plusieurs milliers de kilomètres de long et qui sont en fait les espaces entre les plaques qui forment la couche terrestre. C’est lorsque qu’un point entre deux plaques tectoniques cède que des séismes apparaissent, avec des effets plus ou moins dévastateurs.

On dénombre plusieurs dizaines de petits séismes chaque année. Généralement de faibles intensités, ils ne sont pas ou presque pas ressentis par la population. Ils restent cependant une preuve de l’intense activité sismique qui règne sous les pieds des Birmans. Le pays a également connu des secousses beaucoup plus puissantes, tout particulièrement entre les années 1929 et 1932, avec pas moins de cinq séismes de magnitude supérieure à 7 sur l’échelle de Richter. C’est-à-dire suffisamment puissants pour provoquer des dégâts sur de vastes zones, tout particulièrement près de l’épicentre. Durant cette période, le plus meurtrier a été celui de Bago, le 5 mai 1930. De magnitude 7,3, il a provoqué la mort d’environ 600 personnes, dont une cinquantaine à Yangon. La secousse a été ressentie sur plus de 500 000 kilomètres carrées, soit une surface presque équivalente à celle de la France. D’autres séismes puissants, marquant plus les esprits pour les dégâts matériels importants engendrés. Ainsi, le tremblement de terre de Sagaing du 16 juillet 1956, d’une magnitude de 7, a entraîné la destruction de plusieurs pagodes et autres monuments dans les villes d’Inwa, Amarapura, Sagaing et Mandalay. Des écoles et des bâtiments gouvernementaux ont également été détruits. Bagan a aussi eu son lot de séismes notamment en juillet 1975 et en août 2016. De magnitude 6,8, ces deux séismes ont provoqué d’importants dégâts, n’épargnant pas les sites archéologiques, sur lesquels plusieurs centaines de pagodes ont été détruites ou endommagées. Des programmes de reconstruction ont eu lieu par la suite, avec l’aide de l’UNESCO. Plus récemment, ce sont une quinzaine de séismes de faible magnitude qui ont frappé la Birmanie depuis le début de l’année 2018.

Malgré ces catastrophes à répétition, la Birmanie a du mal à apporter une réponse adéquate. En effet, depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement en 2011, le pays a connu un développement urbain fulgurant, favorisé par les investissements étrangers ainsi que par l’aide internationale. Malgré tout, cette urbanisation intensive n’a pas pris en compte les risques de catastrophes naturelles. Ainsi, la grande majorité des bâtiments, même les plus récents, ne sont pas construits aux normes antisismiques. La résistance des nouvelles constructions est donc un enjeu capital pour la Birmanie, non seulement pour la protection des citadins, toujours plus nombreux, mais également pour celle des investissements étrangers. Il faut ajouter à cela que la plupart des lois birmanes relatives aux situations de catastrophes naturelles doivent être modifiées et amendées pour être compatibles avec les normes voulues par l’ASEAN.

Sur le terrain, en cas de tremblement de terre ou de catastrophe naturelle, c’est l’armée qui occupe une place prépondérante pour les premières mesures. Son rôle, en effet, est d’intervenir à la suite des catastrophes les plus importantes et de fournir une aide qualifiée « d’humanitaire » aux populations sinistrées. Le rôle de l’armée est définit par deux lois, la National Disaster Management Law de 2013 et la Disaster Managing Rules de 2015. Ces deux textes décrivent les tâches que doit accomplir l’armée en cas de catastrophes naturelles. Les forces militaires birmanes doivent donc prendre en charge les opérations de recherches d’éventuels survivants, l’assistance aux victimes ainsi que la sécurisation des zones sinistrées. L’armée est également en coopération avec les organisations de la société civile, que ce soit par le biais d’organismes pour la coopération entre civils et militaires dans le cadre de l’aide humanitaire, ou par la participation à des exercices d’entraînement communs, comme ceux organisés par le Humanitarian Assistance and Disaster Relief.

Plusieurs services du gouvernement sont également engagés dans la prévention et la réponse aux catastrophes naturelles. Le ministère des Affaires Sociales, celui de l’Intérieur et de la Santé ont pour mission d’assister l’armée dans ses tâches. Le ministère des Affaires Étrangères est également sollicité afin de communiquer avec les organisations internationales ainsi qu’avec les autres pays pour informer sur la situation en Birmanie et organiser l’aide internationale si besoin. D’un point de vue plus institutionnel, la Birmanie a créé en 2016 le National Natural Disaster Management Central Committee, organisé en plusieurs échelons allant du niveau des états et des régions, aux villes et quartiers. Ce sont ces divisions qui s’occupent de mettre en place, dans leur zone respective, des plans de prévention et de préparations face aux catastrophes naturelles. Le tout, centralisé, et ensuite géré au niveau national. L’ASEAN joue également un rôle important dans la prévention et la réponse face aux séismes et autres catastrophes. En effet, dans le but de promouvoir l’unité entre ses membres, l’organisation internationale a mis en place plusieurs règles communes permettant une meilleure collaboration de ses membres en cas de catastrophe naturelle majeure.

La Birmanie est donc située sur une région à fort risque sismique. Les nombreux et puissants séismes survenus par le passé en sont la preuve. Malgré tout, le pays manque de préparation face à ce type de catastrophe. Depuis la fin de la junte militaire, le pays tente de prévenir de manière plus efficace les tremblements de terre. Ainsi, la mise en place de nouvelles lois et organisations s’est accompagnée d’actions plus concrètes. En effet, le respect des normes antisismiques est de plus en plus courant. C’est par exemple le cas du Myanmar Plaza, construit par une entreprise vietnamienne, qui est capable de résister à de puissantes secousses. La Birmanie montre désormais une forte volonté de mieux protéger sa population, et ainsi ne pas compromettre le développement économique du pays.

Article écrit par Mathieu Guilleminot